Rencontre avec Thomas Tilly, musicien dans le projet MELT*

Thomas Tilly est l'un des deux musiciens, avec Pali Meursault, à l'origine de la performance glaciaire MELT*. Nous lui avons posé quelques questions sur ce projet très cool...
Comment vous êtes-vous rencontrés artistiquement Pali et toi ?
Avec Pali, on vient du chant, de la musique expérimentale. On a un même rapport au microphone et à la captation du terrain. On fait ce qu’on appelle du Field Recording (prise de son en extérieur). On capte des sons sur le terrain et on travaille avec ça, dans différents lieux et avec des problématiques spécifiques liées à l'écoute et à la composition. On se connaît depuis une vingtaine d'années maintenant. À l’époque, Pali m’avait invité sur une compilation qu'il avait édité. On est resté en contact, à échanger sur nos projets respectifs. Et en 2019, il m’a invité sur un projet qui s’appelle Radioglaces.
En quoi consiste ce projet Radioglaces, qui préfigure MELT* ?
C’est un projet de captation et une réflexion autour des glaciers et des relations que les différent·es usager·es ont avec ce sujet. On a fait tout un tas d'enregistrements de terrain et d’entretiens qui ont donné lieu à une série documentaire. On a décidé de continuer avec ce projet MELT*, qui s’intéresse toujours aux glaciers mais en évacuant les discours des usager·es rencontré·es sur place.
Comment se déroule la performance MELT* ?
Pour cette partie live, on utilise à la fois les captations qu'on a réalisées sur site, en contact avec le glacier, avec lesquelles on compose et on improvise, et, en plus, le son de quatre blocs de glace qui fondent en direct tout au long de la performance. Ces blocs fondent en temps réel assez aléatoirement. Ça génère de tous petits évènements, avec peu de son. On improvise en direct sur cet ensemble de sources qui restent relativement brutes. Le lieu de la performance influe beaucoup sur ce qu’on joue. En ce sens, on n’a pas une démarche très éloignée de la musique improvisée instrumentale.

D’où vient votre envie de travailler autour de la glace ?
Pali vit à Grenoble. Il a une pratique de la montagne depuis très longtemps. C’est un terrain qu’il avait déjà arpenté avec un micro, en parallèle de l'alpinisme qu’il pratique, et qui est intéressant pour les questions des milieux. Un glacier c'est quelque chose à part, ce n’est pas exactement la montagne, c’est un milieu dans un milieu. Et ce monde est un symbole des problématiques liées au changement climatique. Ça soulève pas mal de questions sur notre rapport à l'environnement.
Comment ce projet peut aider à prendre conscience du réchauffement climatique ?
En soi, la fonte ne dit rien du changement climatique. C’est le boulot d’un glacier de fondre et de se réactiver sous l’effet de la neige. En parallèle des performances, on propose des conférences, on explique notre démarche. On travaille aujourd’hui avec des glaciologues qui apportent des données et peuvent faire un état des lieux sur la fonte des glaciers. On utilise le sensible pour parler de ces sujets. Les glaciers des Alpes sur lesquels on a travaillé sont voués à s’abimer et probablement à disparaitre. On essaie avec MELT* d’offrir un discours plus élaboré, plus fin que ce qu’on peut entendre médiatiquement.
Propos recueillis par Mathieu Durieux
MELT* sera joué au Festival Super Flux le dimanche 06 avril à 16h.
