Portrait du projet Hyperborée

Hyperborée est un projet composé de 4 musicien.ne.s établi.e.s à Bruxelles, La Haye et Strasbourg : Stéphane Clor, violoncelliste au parcours entre musique improvisée et arts plastiques, Clara Lévy, violoniste, membre de l'ensemble de musique contemporaine HanatsuMiroir, Léa Roger, harpiste venue du punk et de la musique expérimentale et Armand Lesecq qui gère le traitement électronique et la diffusion, qui lui, a un parcours en musique électroacoustique et en école d'art.

"Quand on a monté le projet, on voulait confronter les musiques écrites et expérimentales, improvisées, croiser ces différents langages, nous explique Stéphane. On ne considère pas le son juste pour les mélodies, les rythmes… on s'intéresse beaucoup à la dimension spatiale du son, aux aspects acoustiques. Avec Armand, nous avons développé un système de hauts parleurs dispatchés autour du public, comme un petit acousmonium. Chaque haut parleur est une membrane qu'on dénature pour donner une coloration différente." Une approche esthétique, très influencée par les arts plastiques, qui permet au quartet d'adapter son propos aux différents lieux où il se produit. "Le lieu influence fortement ce qu'on va raconter car tout est basé sur l'improvisation. Dans un prieuré, comme là où on va jouer pour Super Flux, il y a une résonnance particulière, un autre type d'écho qui va impacter la façon dont on joue notre musique." 

La musique d'Hyperborée n'est ni totalement improvisée ni écrite. Stéphane parle de processus par l'effacement. Les quatre musicien.ne.s improvisent beaucoup au début puis effacent ce qui ne fonctionne pas pour arriver à un consensus, à une matière sonore partagée. "On taille le bloc de marbre pour arriver à l'essence de ce qu'on veut jouer ensemble. Au fur et à mesure de l'expérimentation, il y a des choses qu'on efface de nos partitions mentales et d'autres qu'on garde en mémoire. On se donne des images collectives auxquelles on fera appel dans nos improvisations. De fait, ce n'est jamais crée ex-nihilo, on part de l'expérience qu'on a accumulé."

La dualité écriture/improvisation, revendiquée par le groupe fait écho à une autre dualité acoustique/électronique caractéristique de ce projet. En effet, le son du trio harpe-violon-violoncelle est repris par un traitement sonore en direct. Chaque petit fragment de corde pincée ou frottée peut devenir énorme. "L'électronique nous permet de zoomer, de passer de l'échelle macroscopique à l'échelle microscopique. Un tout petit fragment de frotté ou de pincé peut devenir vraiment très gros. Armand récolte la matière première, le son du trio dans tous ses infimes détails et transforme cette matière brute pour la fragmenter dans tout l'espace."

Hyperborée jouera cette pièce dimanche 03 avril au Prieuré Saint-Cosme, avant le concert de Pierre Bastien, un artiste majeur des musiques expérimentales et influence notable pour Stéphane Clor : "Il fait partie des musiciens qui m'ont influencé, notamment dans son rapport à la motorisation et à l'objet sonore que j'utilise beaucoup dans ma pratique artistique."

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